chien discussion
  • 30 août 2024
  • ComputaSYS
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Lors de vos pérégrinations sur les réseaux sociaux, vous êtes peut-être déjà tombé sur des vidéos virales de chiens en train d’interagir avec leurs maîtres par l’intermédiaire de boutons sonores qui jouent des mots préenregistrés, afin que l’animal puisse communiquer “verbalement” avec son maître pour lui réclamer une friandise, une promenade, et ainsi de suite.

Ces vidéos rencontrent souvent un succès considérable sur la toile. Et même si certaines d’entre elles sont truquées par des propriétaires qui courent après les likes comme un toutou après une balle, ce succès a fait émerger une question assez intéressante : le meilleur ami de l’Homme comprend-il vraiment le sens des mots qu’il échange avec son maître par l’intermédiaire de ces appareils ?

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Dans la communauté scientifique, les avis divergent ; certains sont convaincus que les chiens (ou en tout cas certaines races) disposent des capacités cognitives nécessaires pour établir ce genre de lien conceptuel. D’autres, en revanche, se montrent plus sceptiques, et y voient simplement d’un exemple de conditionnement pavlovien tout ce qu’il y a de plus basique.

Une expérience de communication inter-espèces

Des chercheurs du Comparative Cognition Lab de l’Université de Californie à San Diego ont donc tenté de répondre à cette question avec une étude en bonne et due forme.

Les auteurs ont commencé par recruter une soixantaine d’animaux de races diverses et variées. Tous avaient déjà été entraînés à utiliser ces appareils pour communiquer sur trois thématiques : les sorties, le jeu, et la nourriture. Ils ont ensuite été divisés en deux groupes : un où les chercheurs conduisaient ces expériences eux-mêmes au domicile de l’animal, et un autre où ce sont les propriétaires de l’animal qui s’en chargeaient en suivant scrupuleusement les instructions de l’équipe.

L’objectif de cette séparation était de vérifier si les chiens s’approprient réellement le sens des mots en eux-mêmes, ou plutôt à des signaux envoyés inconsciemment par leurs maîtres, comme un ton ou une gestuelle particulière qu’ils pourraient associer à une activité donnée. Dans chaque expérience, l’humain portait également un masque et restait immobile, afin d’empêcher l’animal de savoir à quoi il faisait référence en observant ses mouvements ou expressions.

Après avoir testé de nombreuses combinaisons de boutons dans des situations variées, les chercheurs ont pu collecter assez de données pour analyser statistiquement les réactions des chiens. Ils ont d’abord constaté que les animaux avaient des réactions extrêmement marquées lorsqu’ils étaient confrontés à des mots qui évoquent l’extérieur ou le jeu. Cela n’a évidemment rien de surprenant, mais il s’agit tout de même d’une vérification importante, car c’est un contrôle qui sert de référence pour la suite du protocole expérimental.

De vrais liens conceptuels qui dépassent le simple conditionnement

Lorsqu’ils sont entrés dans le vif du sujet, les auteurs ont observé que ces réactions étaient statistiquement similaires indépendamment de leur origine. En moyenne, les chiens avaient des réactions comparables lorsque les mots provenaient de leur maître ou d’un étranger (les chercheurs). Même chose pour les mots prononcés oralement ou produits à l’aide des boutons.

« Cela suggère que les chiens réagissent de façon appropriée même en l’absence d’éléments contextuels et lorsqu’ils ne peuvent pas analyser le comportement du propriétaire. Les mots comptent pour les chiens, et ils répondent aux mots en eux-mêmes plutôt qu’à des indices », écrivent les auteurs. Tout indique qu’ils sont capables de faire une distinction claire entre les différents mots, puis de les utiliser eux-mêmes en pressant le bouton approprié, avec suffisamment de pratique.

Cela implique que les chiens associent vraiment les mots à des concepts précis. Il ne s’agit pas seulement réactions conditionnées à une stimulation, comme dans la célèbre expérience de Pavlov qui a montré qu’il était possible de les faire saliver à la demande en associant le son d’une clochette à de la nourriture. La distinction est subtile, mais il s’agit d’une différence très importante au niveau cognitif et comportemental.

D’autres études plus poussées à venir

En revanche, les chercheurs indiquent tout de même que leur étude ne permet pas encore de dégager une conclusion parfaitement rigoureuse, à cause de la taille relativement réduite du groupe de test. Il ne s’agit que d’un début; pour comprendre précisément à travers quels mécanismes cognitifs sous-jacents les chiens traitent ces informations, il va donc falloir conduire une étude à plus grande échelle.

La bonne nouvelle, c’est que cette expérience apporte aussi une piste claire pour y parvenir. Puisque les réactions des chiens étaient statistiquement identiques dans les tests conduits par les chercheurs et les propriétaires, les auteurs suggèrent qu’il serait possible de recruter des maîtres un peu partout dans le monde pour lancer un grand programme de science citoyenne.

Avec ce genre de démarche, ils espèrent notamment « explorer comment les chiens utilisent activement ces boutons, et ce que cela révèle par rapport au sens qu’ils leur attribuent ».

Le texte de l’étude est disponible ici.

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