La femtech, c’est-à-dire les technologies spécifiquement conçues pour améliorer la santé des femmes, est un domaine en pleine croissance. Toutefois, il est encore confronté à de nombreux biais résultant de problèmes systémiques touchant principalement les femmes.
Les femmes manquent de temps pour participer aux essais cliniques
C’est le constat de Kim Brunel et de Frédéric Jallat, partagé dans un éditorial publié dans Les Échos. La première est PDG par intérim et chef des opérations chez Nova Gray, entreprise spécialisée dans le développement de tests de prédiction de la tolérance à la radiothérapie. Le second est professeur et directeur scientifique du MSc Management pharmaceutique et des biotechnologies – ESCP Business School.
Les deux experts dénoncent les limites encore trop présentes dans la femtech, secteur qui a pourtant beaucoup évolué ces dernières années. En 2022, les investissements dans ce domaine ont atteint 19,7 milliards de dollars, selon Bpifrance. Malgré un intérêt croissant pour les start-up développant ce type de technologies, l’accès aux données de santé spécifiques aux femmes reste insuffisant.
Pendant de longues années, les tests cliniques visant à élaborer des traitements ont uniquement pris en compte les hommes. L’inclusion des femmes n’est devenue obligatoire en France qu’en 1997. Malheureusement, de nombreux obstacles subsistent encore pour qu’elles puissent participer à ces essais, principalement par manque de temps et de ressources.
Kim Brunel et Frédéric Jallat citent tout d’abord la charge mentale. « 63 % des femmes se sentent victimes d’une charge mentale délétère, contre 36 % seulement des hommes », écrivent les experts, citant une étude de l’institut Ipsos. À cela vient s’ajouter la précarité. En Europe, la pauvreté au travail touche majoritairement les femmes, qui représentent plus de 70 % des travailleurs à faibles revenus. La situation est particulièrement préoccupante pour les familles monoparentales, dont 85 % sont dirigées par des femmes.
Les algorithmes dans la femtech sont aussi affectés
De même, les experts citent des biais touchant également les essais sur les animaux, qui précèdent les tests sur les patients humains. En plus d’un recours prédominant à des spécimens masculins lors des tests, les chercheurs ne prendraient pas en compte les spécificités hormonales des femelles, pourtant cruciales.
« La production d’oestrogènes chez les femelles complique les variables cliniques, et les tests sont souvent effectués hors des périodes de règles ou d’ovulations », détaillent Kim Brunel et Frédéric Jallat. Or, les facteurs hormonaux ont un impact sur l’évolution des maladies.
Les biais sexistes de l’intelligence artificielle (IA), déjà dénoncés dans plusieurs études, sont également à prendre en compte. La technologie est utilisée dans les algorithmes qui sous-tendent les applications dédiées à la santé féminine engendrant, là aussi, un souci de partialité.
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